ATT-Mali, le film d une chute en 24h chrono

« On en marre, (les officiers) ne font rien de bien... c’est la honte. Nous ne voyons pas qui peut nous venir en aide si ce n’est nous-mêmes… (on veut) changer la hiérarchie militaire et changer le président lui-même. Il est à la base de tout… » Prononcées il y a quelques heures par un sous officier mutin en service sur la grande base militaire de Katy. Tôt dans la journée le ministre de la défense le général Sadio Gassama, accompagné du colonel major Ould Meidou, avait subi le courroux des militaires su cette base. Venu faire le bilan des combats du Nord sur la base, il avait été confronté dès son arrivé  à l’animosité tant des familles de militaires que par les militaires qui l’ont purement et simplement empêchés de faire sa démonstration de l’actualité du front. On n’avait cru que la situation c’était arrêté la ! Qu’on avait affaire à une simple mutinerie. Mais que non, les mutins dont la base se trouve à une quinzaine de kilomètres de Bamako cassent le dépôt d’armes et de munitions, s’emparent de véhicules militaires et civiles et roulent à tombeau ouvert vers un lieu, lequel ? Bamako bien sur.

A ce moment précis la garde présidentielle (les bérets verts) prend position devant les édifices publics, tels que le trésor, le palais présidentiel et l’assemblée nationale… Le dispositif de défense de la capitale semble être mis en place mais contre toutes attentes les mutins investissent l’ORTM (télé nationale), les bureaux sont saccagés et le signal  du média d’Etat est coupé.  Puis le signal de la télévision panafricaniste (Africable) est coupé.  

Pendant ce temps le quartier général de l’armée  pour lutter contre la rébellion du Nord installé à Gao est dans la tourmente, le quartier général est saccagé par les mutins, le siège du gouvernorat de la région est aussi saccagé,  tir de kalachnikovs en l’air.

Jusque la rien n’indique que le pire est devant nous, à part bien sur les fins observateurs et connaisseurs des agissements de l’armée. Puis  voyant que les civils restent terrés chez eux, les mutins décident passer un second palier, celui d’attaquer le palais Présidentiel. La les choses deviennent sérieuses, tirs de AK47, balles traçantes, 12/7 mm, les bruits assourdissants des armes se fait entendre une bonne partie de la nuit. Amadhou Toumani Touré est exfiltré du palais de façon expresse, le signal de la télé est de retour. La musique est jouée et une bande déroulante annonce un message des militaires pour bientôt. En effet les mutins affirment à cet instant précis contrôler le palais présidentiel, l’aéroport, et bien d’autres édifices de l’Etat.

Il est 5 heures du matin, heure GMT quand brusquement apparait à l’écran trois hommes en tenues militaires (ils appartiennent à la garnison des parachutistes de Katy, le lieu d’où tout est parti). Le Lieutenant Ahmadou Traoré lit le communiqué des mutins à ces côtés le Capitaine Sanogo le chef des mutins et l’Adjudant Seydou Diarra. Il est question de la suspension de toutes les institutions de la république, le pouvoir est désormais détenu par le Comité de la Démocratie et de la Restauration de l’Etat (CNRDR), dirigé par le Capitaine Sanogo. Il est indéniable que le régime de ATT vit ses dernières heures, car les hommes de la garnison de Katy semblent être les hommes forts de Bamako, mais la façon dont cela se déroule nous interpelle, l’acte des militaires est il isolé, les motifs officiels évoqués sont ils les vrais raisons de ce putsch ? Comment est ce qu’une simple protestation d’hommes de rangs puisse se transformer avec une rapidité déconcertante en Coup d’ Etat aussi facilement que ça ? Un plan de départ de ATT n’était il pas rangé dans des tiroirs ?

ATT est victime des conséquences de la maladie commune aux chefs d’Etats de la sous région, la Lâcheté. Il savait que tôt ou tard la crise Libyenne (pillage de dépôts d’armes et munitions géants e Kadhafi) allait lui péter à la figure mais il s’est tu  pour contenter les Occidentaux, feignant même ne pas entendre le message à eux adressé par le Président Laurent Gbagbo qui disait en son temps  à une délégation de jeunes panafricanistes sortis d'un congrès à Cotonou et venus soutenir sa cause au palais à Abidjan: "Je vois et j'entends des chefs d'Etat rire et se moquer de moi parce que je suis aux prises avec des puissances étrangères. Et ils se disent que ca ne les regardent pas. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que c'est comme ca que les colons ont réussi à pénétrer l'Afrique. D'abord ils se sont attaqués à une tribu et la tribu d'à côté disait, ce n'est pas notre affaire. Mais après, les colons sont passés aux autres tribus et c'est là qu'ils ont commencé à comprendre mais c'était déjà trop tard".

ATT ne peut que s’en prendre à lui-même.

 PLII CIS



22/03/2012
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